a gamine riait, portant tout l'innocence du monde sur ses épaules d'enfant, tandis qu'elle courait ventre à terre. De temps en temps, elle s'arrêtait soudainement pour aller fouiner une zone d'ombre, ses yeux reflétant la lueur des torches éclairant les galeries, puis reprenait sa course. Pour finir par rentrer de plein fouet, au détour d'un virage, dans un Nain occupé à tailler les pierres composant le mur. Bien que heurté au niveau de l'épaule par l'enfant, il ne broncha pas, interrompant simplement son ouvrage pour poser sur elle un regard surplombé de sourcils broussailleux. Amrúnië, peu gracieusement tombée fesses à terre, se frotta le nez, puis se releva d'un bond. Les feuilles n'étant alors tombées qu'une poignée de fois depuis qu'elle eût franchi sa première décade et atteint l'âge de l'Eccesilmë, la jeune elfe dut lever les yeux pour rencontrer le regard du Nain. Visiblement gênée, elle émit un petit rire bête avant de se souvenir de ses manières et d'offrir une révérence en guise d'excuses.
- « Dîtes, dîtes, Gonnhirrim, », commença-t'elle, faute de connaître celui ou celle lui faisant face, « vous avez pas vu Findí ? »
Plus jeune qu'elle de quelques années, Findí avait comme elle vu le jour sur les rives de la Narog. Ainsi que nombre de Nains, ses parents avaient quitté Gabilgathol et les montagnes de l'Ered Luin pour venir participer à la construction de Nargothrond. Tout comme celui qui, dévisageant la jeune Noldo, tentait de cacher un sourire amusé derrière sa barbe. Peine perdue, elle s'en aperçu et opta pour un sourire mi-ravi, mi-timide.
- « Je l'ai vu trotter vers le nord-est. »
Tout à coup persuadée de voir clair dans les intentions de son amie, la Noldo frappa de son petit poing dans la paume de son autre main.
- « Elle remontait vers la surface ! »
Sans plus attendre, elle reprit son galop, prenant à peine le temps de lancer un peu protocolaire « Merci ! » par-dessus son épaule. Le Nain secoua la tête devant cette fougue, mais sans s'offusquer le moins du monde. Bien au contraire : pour avoir dû par le passé supporter la morgue du Peuple de Caranthir, et avoir dû à plusieurs reprises se retenir de leur présenter son poing, il trouvait étrangement appréciable le Peuple de Finrod...
près être parvenue à la surface, la gamine avait effectivement fini par retrouver la trace de sa camarade de jeux ; mais, la trouvant accrochée aux robes de sa propre mère, Amrúnië en oublia l'enjeu de la course-poursuite et courut la rejoindre aux côtés de Nárindórë.
- « Emya ! »
La femme l'accueillit avec tendre chaleur, la serrant contre son coeur et l'appelant par ce nom que l'enfant s'était elle-même choisi.
- « Ae Sílarînë, melmënyä... », lui murmura-t'elle à l'oreille dans leur langue.
Nárindórë reprit alors le récit qu'elle contait précédemment à Findí, cette fois écoutée par une seconde paire d'oreilles et deux autres grands yeux.