ond Daer se profile à l'horizon. Il y a longtemps que les navires ne font plus escale ici : la région est trop dépeuplée pour permettre le commerce local, et les vaisseaux qui jadis transitaient par ici pour remonter la Gwathló ont cessé de venir après la ruine de Tharbad. Même les rares bateaux en provenance du sud qui remontent vers Mithlond ne s'arrêtent plus ici, et pour autant que je me souvienne de ce qu'il m'a été dit, seules quelques barques de pêcheurs naviguent encore près des côtes. Ne voyant rien hormis des ruines, et bien sûr pas la moindre embarcation, je me mets à pester contre la princesse Lothiriel qui m'a envoyé ici. A l'évidence il n'y a rien, et pourtant le Prince Imrahil lui-même avait donné son accord pour ma venue ici, estimant que je pourrais y être utile. Je commence sérieusement à me demander s'ils ne m'ont pas envoyé ici le temps qu'à Dol Amroth quelques maris furieux et pères courroucés se calment à mon encontre.

e repense à ma dernière conquête éphémère. Comment s'appelait-elle ? Une petite paysanne des vignes du nord d'Edhellond qui cachait sous son jupon de laine miteux des jambes fort belles. Depuis combien de temps ? Beaucoup trop, et je me mets à arpenter le pont, enrageant à l'idée qu'il faudra autant de temps pour revenir. Puis je la vois : une tour visiblement rénovée au sommet de laquelle claque au vent la bannière d'un cerf d'argent sur fond d'azur. Bien sûr j'aurais préféré distinguer la silhouette d'une femme, mais une construction laissant présager d'une présence humaine c'est presque aussi bien.

ne partie des quais et pontons ont été juste assez retapés pour permettre l'apontage de navires de faible tonnage. Les infrastructures sont modestes, et la manoeuvre se fait à l'ancienne. Ce qui n'est pas pour me déplaire : il y a un petit relent d'aventure d'antan, le dernier dont j'ai pu profiter remontant à cette course avec un corsaire d'Umbar au début de mon présent voyage. Je saute avec entrain sur le ponton en bois où m'attend un comité d'accueil restreint composé de quelques Humains et moitié autant d'Elfes. Je leur adresse mon sourire le plus rayonnant.

alut la compagnie ! Ferahil du Gondor, ci-devant capitaine de navire et ci-derrière gentilhomme de bonne manière et de bonne famille. Envoyé à votre service par la charmante Lothiriel et par son père le Prince Imrahil. Enfin en supposant que c'est bien vers vous qu'ils m'ont envoyé...mais comme je doute que la région soit à ce point courrue qu'on y trouve d'autres personnes que celles que je cherche précisément, je suppose que je suppose bien. Il parait que vous reformez une sorte de compagnie de messagers. Mon navire et mon équipage sont donc à vos ordres, pour peu que vous ayez quelque chose à transmette au sud ou au nord le long de la côte." Je ponctue ma tirade d'une révérence rapide, toujours souriant. Je ne sais qui va me répondre mais mon attention est déjà toute entière captivée par un joli brin de femme au minois enjoué et aux cheveux ébouriffés.

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