Puce I Adaneth ar i-Edennil


Alors que le Troisième Âge du monde parvenait à son terme, mon chemin me mena aux côtés d'une femme du Peuple des Etoiles, qui désormais a quitté ces rives.
Ayant aujourd'hui à coeur de ne pas laisser s'éteindre la Sagesse de celle qui portait l'Aube, je vais - à mon tour - essayer de vous léguer ce qu'elle m'enseigna alors...
Rédigé en 12-4A
- Lihene Órëmiel Balsamine

Relais de Tharbad, hiver 3018-3A


Venant de pousser la porte de la chaumière servant de relais au milieu des ruines, l'Elfe ne fut pas exactement surprise d'y trouver Lihene, dont chant gai s'entendait clairement depuis l'extérieur, tranchant avec la paix nocturne des lieues environnantes... Plongée dans une danse improvisée, virevoltant dans un élan gracieux, la jeune femme ne réalisa pas immédiatement sa présence et continua à suivre la folle inspiration d'une musique qu'elle seule entendait. Plusieurs minutes plus tard, elle quitta suffisamment ses nuages pour apercevoir la Noldo, qui, loin d'attendre sur le seuil s'était approchée du feu de cheminée.
- « M'dame Hríviel ! », lâcha-t'elle enfin, abandonnant chant et danse pour bondir sur l'Elfe lui tournant le dos et l'enlacer.
- « Bonsoir, Lihene. »
Accompagnant sa réponse d'un tapotement sur l'un des bras la serrant, l'Elfe finit par se retourner ; le faisant dès que la jeune humaine eut relâché son étreinte. Regard fixé sur ce brin de femme, avant de glisser dans le vide, Hríviel fut néanmoins vite ramenée au présent par l'humaine.
- « Roooh bun ... », commença-t'elle.
Front plissé, Lihene s'était rapprochée et hissée sur la pointe des pieds pour mieux observer le visage de l'Elfe.
- « Z'avez l'air toute patraque m'dame Hríviel ! Qu'est-ce qu'il s'passe ? »

Les ruines de Tharbad

De longues secondes durant, elle n'obtint pour toute réaction que le regard étonné de la Noldo, déconcertée par l'éclair de lucidité dont faisait preuve la jeune femme en réalisant qu'elle était effectivement épuisée. Après un rire léger mais sincère, elle répondit enfin.
- « Je disparais, simplement, Lihene. »
S'étant détournée de l'Humaine sur ces mots, elle se mit à récupérer quelques couvertures dans le coffre en bois occupant l'un des coins de la petite pièce, et alla les dérouler devant le foyer de cheminée. Suivie à chaque mouvement par la jeune femme, qui – silencieuse, et attentive – lui tournait autour sans jamais la quitter des yeux, Hríviel s'arrêta et plongea son regard dans celui de l'Humaine.
- « Ce n'est pas sujet à inquiétude. Demain, je serais encore là. »
Ces mots n'eurent qu'un impact minime sur la jeune femme, ne lui arrachant qu'un long et silencieux soupir tandis qu'elle soutenait son regard. Elle n'abandonna son air soucieux au profit de son habituelle moue ensoleillée que lorsque – amusée par ses bizarreries – l'Elfe en vint à sourire. Alors, seulement, Lihene lui accorda un peu de paix, reprenant bientôt sa danse et son chant.

Lihene dansant La couche improvisée par l'Elfe fut très vite terminée, tant elle était rudimentaire, et la Responsable de l'Etude s'y installa aussitôt. La chaleur du feu ne parvenait que peu à rendre confortable sa situation, amenant bientôt ses pensées à divaguer à ce sujet. Dormir dans un bois allongée entre deux branches, se nourrir de baies ou d'aliments séchés ou salés contenus dans les caches du Cerf d'Argent... Une faible indignation résonna au fond d'elle, blasée tant elle était habituelle. Elle appartenait au Peuple Noldo, et comme les siens appréciait bien plus le confort d'une demeure soigneusement bâtie que les courants d'air de l'errance...

Les mouvements gracieux de l'Humaine rappelèrent celle-ci aux pensées de Hríviel.
Bien qu'elle eût cherché à en savoir plus sur le sang de la jeune femme, son furetage était resté vain devant le vide affligeant des archives pouvant la concerner. Avait juste été retenu que, venant du sud, son arrière-grand père avait cherché le refuge de Bree face à la furie des eaux, après le Rude Hiver. Ce qui ne donnait pas grand indice... Mais, au final, importait peu.
Si la Noldo avait très rapidement saisi les raisons amenant Saelion à apprécier la compagnie fantasque de la jeune femme, elle n'avait qu'assez récemment réalisé pourquoi Maithand lui avait – lui aussi – témoigné de l'intérêt.
- « Lihene ? »
- « Huuun ? »
- « Faisons un pari... », elle n'eut pas le temps d'en dire plus, l'Humaine ayant immédiatement cessé sa danse pour aller s'asseoir auprès de Hríviel.
- « Penses fort, au sujet que tu veux. Si je parviens à le deviner, tu devras m'écouter pendant toute la journée de demain. »
Pleinement attentive, l'intéressée fronça les sourcils et hocha la tête, avant de s'enquérir de ce qui lui importait bien plus :
- « Et si je gagne, m'dame Hríviel ? »
- « Que désirerais-tu en ce cas ? »
La tête de la jeune femme dodelina un moment, balançant au gré de son hésitation....
- « Ha, je sais ! Un pot de miel ! »
Si la peu arriviste demande surprit l'Elfe, elle ne le montra pas, se contentant d'acquiècer.
- « Soit. »

Cheminée du Relais de Tharbad

Peu après, Lihene, yeux fermés et moue concentrée, courrait d'une pensée à l'autre, cherchant sur laquelle elle se fixerait. En face d'elle, le regard tourné vers les flammes du foyer, la Noldo souriait légèrement. Pareille entourloupe n'était pas bien noble, mais lui permettrait de parvenir à piquer l'intérêt de cette fille des Hommes.
Le lendemain, résignée mais bonne perdante, la jeune femme se retrouvait à écouter l'Elfe, aussi souriante qu'à son habitude et – par moments – réellement passionnée...


Auteur : Lihene
Musique tirée de l'OST de Labyrinth of Forgotten Time