Puce Conte de la Lune Ambrée, première partie


NOTE du COMPILATEUR : ce conte est tiré d'un recueil diffusé au Gondor au cours du troisième ou quatrième siècle du Quatrième Age. Il reprend une légende plus ancienne aux origines incertaines, mais qui semble s'être inspirée d'une Elfe ayant réellement existé.


Il était une fois une importante forêt située loin au nord. Passées les frontières du Pays des Pierres, il fallait remonter le cours du grand fleuve pendant plusieurs semaines pour la rejoindre. La forêt se nommait Vert-Bois-le-Grand, et accueillait en son sein un royaume peuplé d'Elfes et gouverné par le roi Thranduil.
Les sujets de ce dernier aimaient tout autant préparer qu'assister à des festivités où les chants et la musique occupaient une bonne place. Il n'était donc pas rare d'entendre sous la frondaison des arbres des mélodies tantôt douces tantôt entraînantes. Mais du détail de ces fêtes nous ne savons pas grand chose, car les Elfes avaient alors déjà commencé à rester loin de notre perception.
Il arrivait parfois que les notes et les chants parviennent jusqu'aux oreilles d'un Humain égaré...mais elles se dérobaient sans cesse chaque fois qu'il essayait de trouver leur source. Si bien qu'il ne distinguait de ces aubades elfiques que les fugitives lumières qui semblaient s'éloigner au fur et à mesure qu'il avançait.

Hors donc il se murmurait que le royaume de Thranduil regorgeait de joyaux, mais de joyaux à la manière des Elfes de la forêt, qui faisaient peu de cas des bijoux et artefacts chers à bien d'autres races. Et parmi tous ces trésors, deux parmi les plus enchanteurs appartenaient à une Elfe nommée Istiriel.

Elle était jeune pour son peuple, même si ses parents avaient déjà vu passer un Age. Car les Elfes ne craignent pas le temps qui passe, et ils choisissent une période de paix et de confiance pour donner naissance à leurs enfants et les élever. Les parents d'Istiriel avaient échangé leurs anneaux d'or à une époque où la Terre du Milieu était en trouble, et c'est pourquoi ils préférèrent laisser passer les siècles plutôt que de donner la vie en une époque incertaine.
Les temps de troubles durèrent bien des siècles. Puis il y eut une grande bataille, la dernière qui vit combattre côte à côte Elfes et Humains. Le père d'Istiriel y participa ainsi que beaucoup de rois et héros de ce temps. Plusieurs d'entre eux connurent un destin funeste, à l'image d'Oropher, le père de Thranduil et roi de Vert-Bois-le-Grand. Mais la victoire fut acquise, et la Terre du Milieu retrouva la paix pour une longue période.

Lune Ambrée

Ainsi donc Istiriel naquit en cette période. Elle était issue des Nandor, une race d'Elfe joviale et insouciante qui aimait la forêt et les arts, en particulier le chant. Elle partageait avec les siens légèreté et joie de vivre, mais possédait en plus un caractère tout entier tourné vers les longues études solitaires. Ce n'était pas tant qu'elle était avide de connaissances, mais simplement qu'elle était fascinée par les histoires de temps devenus anciens même pour les Elfes. Déjà petite elle pouvait rester des nuits entières à écouter les conteurs, et ce trait se développa lorsque, devenue adulte, elle fréquentait avec assiduité les bibliothèques du Palais de Thranduil.

Cependant il a été dit qu'elle possédait deux trésors, et ceux-là n'étaient pas liés à son érudition même si, pour elle, son bien le plus précieux résidait là.
Istiriel disposait d'une longue chevelure à nulle autre pareille, qu'elle tenait la plupart du temps assemblée en un chignon sophistiqué tranchant avec les habitudes insouciantes des Nandor. Il se murmurait qu'il n'y avait pas de plus beau spectacle que celui de ses longs cheveux châtains qui, quand elle dénouait son chignon, tombaient en une cascade qui prenait tantôt les teintes rousses de l'automne tantôt les tons jaunes éclatants de l'été. Et il se disait que le vent joueur se levait toujours dans l'espoir de venir se perdre dans les magnifiques et longues mèches de la jeune elfe.
L'autre trésor détenu par Istiriel venait de son don inné pour la danse. A l'instar de son peuple elle aimait les festivités, et si ses journées étaient dévolues aux livres, ses soirées étaient consacrées aux nombreuses fêtes de Vert-Bois-le-Grand. Elle prenait plaisir à écouter les histoires, à se laisser bercer ou entraîner par la musique et les chants, à rester émerveillée devant les numéros des jongleurs. Puis venait le moment où elle se levait et avançait pieds nus sur l'herbe. Tout cessait alors, dans l'attente de son premier pas de danse.


 
Auteur : Istiriel
Image par Christohe Vacher.